Rencontre avec Merete Buljo : une #EuropéenneInTech qui a organisé un boostcamp pour développer la mixité dans le numérique
– Pouvez-vous nous raconter votre parcours de la Norvège à …la France ?
Après mes études à Oslo, et une première expérience professionnelle de professeure des écoles, je suis arrivée à Paris pour apprendre le français. Maîtrisant déjà l’anglais et l’allemand, j’avais envie d’apprendre une langue latine et de profiter pleinement de Paris, une ville que je connaissais déjà et que j’adorais. Finalement, les trois mois prévus au départ sont devenus …30 ans ! Après une master d’Histoire et un 3ème cycle d’Informatique à l’Université de Jussieu, j’ai rejoint l’industrie bancaire.
Pendant une dizaine d’années j’ai exercé tous les métiers dans le domaine informatique. En effet, je suis passée de la programmation à la direction de projets.
Depuis 2000, je pilote de grands programmes de transformation côté « business », tant informatique qu’organisationnelle & méthodologies. Aujourd’hui membre du comité exécutif de Natixis EuroTitres, je suis en charge de la direction « expérience client & transformation digitale ». Avec mes équipes, nous développons des partenariats avec des startups, nous mettons en œuvre des parcours digitaux innovants et assurons la diffusion de la culture et des pratiques digitales dans l’entreprise.
Je garde un lien très fort avec mon pays natal la Norvège, de par ma nationalité et ma famille bien sûr, et aussi en tant que vice-présidente de la Chambre de Commerce Franco-Norvégienne en charge du bureau de Paris.

Un boostcamp pour développer la mixité dans le numérique
– Comment vous est venue l’idée d’organiser un #BoostCamp : un rassemblement de responsables du numérique fin août ?
Tout d’abord, il convient peut être d’expliquer l’origine des Digital Ladies ? Quand j’ai débuté sur Twitter début 2015, j’avais tout à découvrir. Assez rapidement, je me suis prise de passion pour cet outil micro-blogging, véritable fenêtre sur le monde. Au-delà des comptes de presse classiques, j’ai identifié des twittos intéressants dans les domaines qui me passionnent : sciences et innovations technologiques et bien sûr, mais aussi management, philosophie et féminisme. C’est comme cela j’ai identifié Emmanuelle Leneuf, éditrice du plus petit mais du plus important média du monde : @FlashTweet ! Bref, pour faire d’une longue histoire ..une histoire courte, avec Emma nous avons eu plaisir poursuivre nos échanges « IRL » (dans la vraie vie) ainsi qu’avec d’autres inconditionnelles du @FlashTweet que j’ai surnommé affectueusement « mes digital ladies ».
L’idée du #boostcamp m’est venue cette année quand j’ai réalisé que cette bande d’expertes du digital, partageant les valeurs de bienveillance et d’entraide, constituait une véritable caisse de résonance sur Twitter totalisant plus de 260 000 followers.
Autant utiliser ce pouvoir d’influence collective pour quelque chose d’utile ! Mettre en lumière les talents du numérique œuvrant pour monde meilleur, et notamment les femmes qui sont pas assez nombreuses dans la tech ! Et comme on adore se retrouver « en vrai », j’ai pensé que le créneau d’une Université d’été était à prendre. Se retrouver fin août était une occasion formidable pour lancer notre association « Digital Ladies & Alliés » avec des hommes porteurs des mêmes valeurs !
– Pourquoi l’avoir organisé à Aix-en-Provence dans ce lieu @TheCamp alors que vous êtes basée à Paris ?
Par l’amour du sud ! Mon axe de vie suit un tracé nord-sud : Oslo – Paris – Le Var ! Puis, je voulais un lieu exceptionnel, ouvert sur la nature et exposé au mistral pour symboliser l’ouverture d’esprit et la tempête des cerveaux grandeur nature.
« TheCamp » fut un choix naturel par notre ambition commune de fédérer des talents autour de grands enjeux sociétaux et d’imaginer un futur enthousiasmant et optimiste. C’était un pari : faire venir une centaine de parisiens à Aix-en-Provence pour une journée de débats et de réflexion, ce n’était pas gagné ! Au final, grâce à la mobilisation de « toute la tribu » nous avons été un peu dépassés par le succès : plus de 30 speakers et 170 participants. Nous avons dû même refuser du monde. Notre modèle est basé uniquement sur la cooptation pour garantir la proximité des membres et la sincérité des démarches. Et nous avons été tellement heureux de constater que 14 partenaires nous ont soutenus pour nous permettre de tout organiser dans de bonnes conditions.
– Comment s’est déroulée cette journée du vendredi 31 août ? Qu’en retenez-vous ?
Comme nous l’avions rêvé, la journée fût dynamique et collaborative, orientée autour de trois axes :
-Learn from each other : présentation de l’écosystème local, suivi d’ateliers de partage et d’apprentissage, animés par des membres de la tribu
-Inspire to empower : des keynotes/débats en plénière entre speakers et public, orientés « Tech For Good »
-Make a change : lancement de la rédaction d’un Livre Blanc collectif avec des propositions pour renforcer le rôle des femmes dans le numérique
Je retiens un énorme enthousiasme et beaucoup sincérité dans les partages, et près de 5000 tweets le 31 août ! Cet engagement est très encourageant pour la suite, car nous ne voulons pas en rester là !
– Vous avez appelé à la réalisation par les congressistes d’un livre blanc à destination de l’Etat ? Pour quelle date pensez-vous réaliser ce document ?
Oui, en effet. Le lancement du Livre Blanc collectif « Mixité & Performance numérique » c’était le but ultime de la journée. Pendant le mois de septembre, tous les adhérents à l’association « Digital Ladies & Alliés » pourront y contribuer avec leurs propres propositions d’actions concrètes afin d’accroitre le nombre et la visibilité des femmes dans le numérique, dès le plus jeune âge.
Il y a urgence. Depuis plus de 30 ans, la parité dans les filières numériques se dégrade. Seulement 33% des salariés dans l’industrie numérique sont des femmes, dont 75% dans les fonctions supports (RH, administration, marketing, communication). Moins de 10% des startups dans la tech sont fondées par des femmes.
Or, la France (comme les autres pays) ne pourra se passer de 50% de sa population pour relever les énormes challenges liés à cette 4ème révolution industrielle qui bouleverse déjà le monde que nous connaissons aujourd’hui.
Nous voulons être force de proposition auprès de l’Etat pour lequel l’inclusion numérique est un sujet phare. Avec l’appui de notre membre d’honneur, Salwa Toko, la présidente du Conseil National du Numérique, nous comptons remettre le Livre Blanc au gouvernement début 2019.
– Et après ? Comment imaginez-vous les prochaines actions sur le terrain ?
L’idée est de retenir les meilleurs idées du Livre Blanc et de les déployer sur le terrain en 2019. Après, je me permets de rappeler que nous sommes toutes et tous des volontaires bénévoles avec des activités professionnelles par ailleurs. Nous ne pouvons pas tout faire, pour être efficace nos actions doivent s’unir à celles des autres associations, et notamment le collectif Femmes@Numérique auquel nous adhérerons bien entendu.
L’union fait la force !
Pour mettre en place un plan de développement de la mixité dans votre entreprise, contactez Digitaly.[gravityform id=”1″ title=”true” description=”false”]